Trajet domicile - travail
Faute d’emplois sur place, les habitants du département sont ceux qui doivent parcourir le plus de kilomètres pour aller travailler, comme le souligne une enquête de l’Insee.
GILLES CORDILLOT | Publié le 05.03.2012, 04h24
Voilà sans doute une première place dont ils se seraient bien passés. De tout le Bassin parisien, les habitants de Seine-et-Marne détiennent la palme du plus long trajet domicile-travail. C’est ce que révèle une étude de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) qui vient d’être publiée par Pascale Rohaut et Philippe Cariou, de la Direction régionale et interdépartementale de l’équipement et de l’aménagement (DRIEA).
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Chaque jour, donc, les Seine-et-Marnais avalent beaucoup plus de kilomètres que tous les autres Franciliens pour se rendre au travail. Ainsi, la moitié d’entre-eux parcourent plus de 12,3 km chaque jour. En moyenne, c’est plus de 18 km, une distance mesurée à vol d’oiseau. Mais on évalue à 10% le nombre d’entre eux qui dépassent chaque jour les 41,6 km. Dans le détail, la moitié des cadres résidants doivent parcourir plus de 19 km, tandis que la moitié des employés ne dépassent pas les 10 km.
Une situation qui résulte de l’insuffisance du nombre d’emplois dans le département au regard du nombre d’actifs. La Seine-et-Marne n’offre en effet que 430000 emplois alors qu’elle compte 646000 actifs, soit 0,66 emploi pour un habitant.
Pour Jean-Claude Delarue, président de la Fédération des usagers des transports et des services publics, « les pouvoirs publics ne cessent d’aggraver le problème en construisant les bureaux à l’ouest et les logements à l’est ».
Les autres grands perdants de ce chassé-croisé quotidien sont les salariés qui résident dans une couronne ne couvrant que la périphérie de l’Essonne, des Yvelines et du Val-d’Oise.
Nette différence entre l’Est et l’Ouest
En revanche, les grands gagnants en matière de déplacements professionnels sont sans conteste les Parisiens. La moitié d’entre eux travaillent à moins de 2,5 km de leur domicile. Et depuis 1999, dans la capitale, le nombre d’emplois progresse plus vite que la population active. Tandis que 50% de leurs voisins des Hauts-de-Seine — un département pourtant très pourvoyeur d’emplois mais qui recrute sur un secteur plus large — doivent effectuer plus de 7,2 km.
Au-delà de la comparaison Paris-petite couronne ou petite couronne-grande couronne, l’étude fait une différenciation très nette entre l’est et l’ouest de la banlieue. « Les trajets des habitants des Yvelines sont plus courts que ceux de la couronne qui s’étend à l’est, de l’Oise à l’Essonne », explique-t-on. Et cet écart est en train de s’aggraver. « A l’est du périphérique, dit encore le document, l’allongement des distances depuis 1999 s’avère particulièrement sensible : soit 1 km de plus en douze ans pour les résidants de plusieurs communes de Seine-Saint-Denis comme Montreuil, Rosny-sous-Bois, Neuilly-sur-Marne ou encore Noisy-le-Grand. Toutefois, cette tendance commence progressivement à gagner la banlieue ouest et des villes comme Rueil-Malmaison, Garches et Vaucresson dans les Hauts-de-Seine ou encore Chatou ou Montesson dans les Yvelines. »
Source : étude de l’Insee sur la base du recensement de la population de 2006.
Le Parisien
