Texte et vidéo: "Le SDRIF n’est pas à la hauteur des enjeux !" Eric Coquerel, Front de Gauche

Publié le par Observatoire Rémois du Bassin Parisien

Eric Coquerel exprime la position de notre groupe sur le SDRIF :

 

 

Monsieur le Président,

 

Le SDRIF est un document de planification de l’aménagement régional pour les 20 ans à venir. Logement, transport, emploi, environnement, il devrait donner les moyens à la puissance publique d’orienter sa politique en faveur d’un aménagement du territoire où la solidarité et la coopération l’emportent sur la compétition et la spécialisation sur quelques pôles (les zones d’emplois à l’ouest, le logement à l’est et des temps de transports toujours plus longs et éprouvants). Il devrait également promouvoir un aménagement économe en espace, afin de stopper l’étalement urbain, et de conserver les terres agricoles indispensables au développement d’une agriculture et d’une économie qui promeut les circuits courts.

Sinon, c’est la loi du marché qui l’emportera. Et avec elle l’absence de cohérence entre chaque compétence, et la division du territoire se fait en coupes réglées : ici l’emploi, ici les zones d’habitation, ici les riches, ici les pauvres, ici les espaces naturels , etc. Avec, pour mailler tout ça, des temps de transports toujours plus importants, des voitures toujours plus nombreuses sur les routes.

L’enjeu écologique et social est évidemment de rapprocher chaque habitant de toutes les fonctions de la ville, l’emploi, les services publics, la nature, les espaces de loisirs. Ceci implique la relocalisation de l’économie, la lutte contre les promoteurs, le développement des services publics. C’est avec cet œil là qu’il faut examiner un schéma d’aménagement.

Nous sommes loin du compte. Ce schéma est davantage celui d’un accompagnement au libéralisme, à la concurrence qu’il institue entre les territoires, les régions, les états qu’un cadre qui le régule si ce n’est le contraint à l’intérêt général. Ainsi, pour l’emploi, les chiffres annoncés de 28 000/an le sont « à long terme », une fois qu’une hypothétique croissance aura succédé à la crise. Ce pari de rattrapage en sortie de crise est plus de l’incantation qu’autre chose. La validation du Pacte budgétaire et les 30 milliards en moins prévus dans le budget de la Nation par l’actuel gouvernement, pas plus que les politiques d’austérité qui sévissent en Europe, n’augurent aucune sortie de crise à court et moyen terme. Rappelons que ce sont près de 300.000 emplois industriels qui ont été détruits ces 20 dernières années. Rappelons aussi que, même si par miracle l’objectif de 28.000 emplois par an était tenu, rien n’est dit des emplois détruits et ce chiffre ne couvrirait pas le nombre d’entrée sur le marché du travail des Franciliens pour les 10 prochaines années.

En terme de logements, ce SDRIF ne permettra pas de lutter réellement contre l’étalement urbain. Bien au contraire, offrant à la rapacité des promoteurs et autres spéculateurs fonciers de nouvelles opportunités, dans une logique où la spécialisation des territoires n’est pas remise en cause, tout cela va accentuer les fractures au sein de nos villes comme dans nos vies. Des zones dédiées au développement économique, d’autres aux logements, d’autres aux loisirs, tout ceci renforce la ghettoïsation et l’allongement des temps de transports.

Enfin, les services publics sont les grands absents de ce schéma directeur. Santé, éducation, insertion, s’ils sont évoqués, rien n’est clairement défini, aucun axe prioritaire n’est dégagé. Nous avons soumis des amendements pour pointer ces manques et demander que soit remis en cause un projet d’aménagement qui se contente d’accompagner les politiques comptables au détriment du mieux-être de la population. Ainsi pour nous le SDRIF devrait contrecarrer l’œuvre de l’Agence Régionale de la Santé qui n’a eu de cesse, sous les gouvernements de droite précédents, de fermer des services hospitaliers de proximité et des centres de santé mutualistes. Nous proposons donc de permettre aux Franciliens d’avoir à moins de 30 minutes un service d’urgence et dans leur bassin de vie un accès garanti à la médecine publique hospitalière. Le récent drame du Lot démontre combien l’action de l’ARS et la loi HPST ont des conséquences désastreuses pour notre bien public et sont dramatiques pour nombre de vies individuelles. Les déserts sanitaires ne concernent pas que les zones rurales.
Quant aux lycées, qui sont une compétence de la Région, la vision régionale défendue dans ce SDRIF consiste à avaliser les projets défendus par l’ARF. Or cette nouvelle étape dans la régionalisation des politiques éducatives est dangereuse. Car elle propose d’engager une décentralisation qui rimerait avec l’abandon de notre modèle républicain d’égalité d’accès au service public d’éducation. Ici de “grands lycées” qui laisseront des territoires sans établissements publics d’éducation accentuant ainsi la fracture sociale incluse dans la fracture territoriale.

Au delà de formules de principe sur l’égalité et la transition écologiques, ce projet d’aménagement choisi concrètement d’accompagner –au fil de l’eau- les stratégies du capitalisme financier. Loin de réduire les inégalités sociales et territoriales, les politiques régionales sont sous la coupe des politiques d’austérités et annoncent en creux, des réductions de missions de services publics, qui prépare des recours au « partenariat public-privé » et de la marchandisation. Il n’est donc pas un hasard que pas une ligne ne soit consacrée à la protection de la ressource en eau.

Publié dans SDRIF - IDF

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