"Pour un « vrai » Grand Paris… comme en 1859", Pierrick Hamon
La Gazette.fr
Tribune libre de Pierrick Hamon, Secrétaire général du Global local forum$
Paris reste, en Europe et même en France, l’unique agglomération à ne pas être organisée sous la forme d’une communauté urbaine. Même si le dialogue a été engagé avec les élus des communes environnantes, le cloisonnement demeure la règle.
D’ailleurs, les intercommunalités se sont souvent mises en place davantage par affinités politiques autour et non avec Paris, alors que c’est l’articulation avec Paris qui aurait dû s’imposer.
Le débat, aujourd’hui centré sur les transports, constitue un retour en arrière de plus de trente ans. Les urbanistes avaient convaincu les élus des grandes métropoles qu’on ne peut plus traiter, et gérer, les questions urbaines isolément.
N’est-ce pas cette même logique qui a conduit certains maires de droite à freiner la construction de logements sociaux et certains maires de gauche à en construire le maximum pour conserver et consolider leurs électorats respectifs ? Les villes riches de l’Ouest parisien sont ainsi toujours plus riches quand les villes de l’Est sont toujours plus pauvres.
Comment ne pas voir que la fusion de Paris avec les villes voisines – qui ne perdraient ni leurs identités ni leurs noms – s’impose désormais, comme en 1859 lorsque l’accroissement démographique avait naturellement conduit à intégrer onze communes de la banlieue de l’époque.
Plus de cent cinquante ans ont passé et l’accroissement démographique s’est considérablement étendu.
Si la création brutale, en 1964, des départements des Hauts-de-Seine, du Val-de-Marne et de la Seine-Saint-Denis avait été motivée dans le seul but de faire barrage électoralement à la « ceinture rouge », il n’est plus possible de maintenir cette fracturation entre centre et périphérie, comme entre l’Est et l’Ouest parisien.
Claude Bartolone, ancien président (PS) du conseil général de Seine-Saint-Denis, et Philippe Dallier, maire (UMP) des Pavillons-sous-Bois, avaient tiré la sonnette d’alarme en proposant la fusion des trois départements avec celui de Paris. Mais, là aussi, rien n’y fait, chacun s’accroche à son petit pouvoir au détriment de cette intelligence collective tant vantée par ailleurs.
La création d’un « vrai » Grand Paris, pas un « machin » de plus, serait tout de même plus démocratique et moins coûteuse, économiquement plus efficace et socialement plus juste.