le Temps (Suisse): "L'avenir de l'Ile-de-France suspendu aux débats sur le Grand Paris"

L'avenir de l'Ile-de-France suspendu aux débats sur le Grand Paris
PARIS, 25 oct 2012 (AFP) Le débat lancé mercredi à la région Ile-de-France sur son schéma d'aménagement à l'horizon 2030 a donné une nouvelle occasion de bagarres politiques sur le projet du Grand Paris, dont la droite met en doute la volonté du gouvernement de le réaliser.
L'Assemblée régionale examine depuis mercredi et devait adopter jeudi soir son schéma directeur (Sdrif), qui dessine le futur visage de la région capitale, en terme de logements, d'emploi, d'environnement et surtout de transports. Avec comme colonne vertébrale, le futur super métro automatique de 200 km et 75 gares, destiné à désengorger un réseau vieillissant, relier la banlieue à la banlieue et créer de nouvelles zones d'emplois autour des gares.
Or la non-inscription d'un milliard d'euros de dotation pour ce projet par le gouvernement Ayrault dans la loi de programmation des finances publiques 2013-2017 a éveillé des soupçons sur sa volonté de mener à bien ce projet, d'autant que la ministre en charge du dossier, Cécile Duflot (EELV), en était à la Région une des plus virulentes opposantes.
Les élus, du PS et du Front de Gauche à l'opposition UMP, veulent voir ce milliard apparaître mais les moyens d'y parvenir ont clivé les débats.
"La politique demande un minimum de rapport de forces et c'est en affirmant haut nos priorités qu'il sera plus difficile d'argumenter contre" l'inscription de cette dotation, a plaidé Guillaume Balas, président du groupe PS.
Gabriel Massou (Front de Gauche) a abondé en ce sens: "La meilleure façon de créer un rapport de force pour obtenir le milliard nécessaire est un vote massif du Sdrif".
L'UMP défend la stratégie inverse, en l'absence de financement "sanctuarisé" pour le Grand Paris. "La menace sur le Grand Paris fait de ce Sdrif un document potentiellement dévastateur pour la région", a déclaré Valérie Pécresse, présidente du groupe UMP, par ailleurs ravie de "la captation d'héritage" par l'exécutif régional de ce projet voulu par Nicolas Sarkozy.
"Adopter ce document, c'est donner un feu vert aux élus pour construire des logements, monter des zones d'activité, etc. Ne refaisons pas les erreurs du passé de construire en espérant que les transports arriveront !", a supplié la députée des Yvelines, en citant le cas de Vélizy dans son département "et du tramway promis depuis 1954".
L'ex-ministre du Budget rappelle en effet que ce document aura force juridique une fois validé par le Conseil d'Etat et sera "opposable" aux communes: les plans d'urbanisme locaux devront être "compatibles" avec lui, c'est-à-dire en partager les objectifs et les orientations.
Et ces derniers se déclinent en quelques chiffres, comme la construction de 70.000 logements par an, dont 30% de logements sociaux. Il s'agit à la fois de desserrer l'étau de la pénurie et de faire face à l'augmentation de 15% de la population francilienne qui atteindrait 13,5 millions d'habitants en 2030.
D'autant que d'ores et déjà, "65% des Franciliens sont éligibles au logement social", a rappelé Jean-Paul Huchon, président PS de la région.
Le Sdrif prévoit également de "transformer les principale autoroutes urbaines (tronçons de l'A4 et A1, périphérique) en "boulevards métropolitains" où la voirie serait mieux partagée.
"Contrer la crise" est aussi une ambition du Sdrif. Un objectif de 28.000 créations d'emplois par an, soit 2,5% de croissance en moyenne, est inscrit.
Ce document de 640 pages a fait l'objet de plus de 200 amendements déposés par tous les groupes, allant de questions très locales à des sujets plus politiques comme le retrait du Sdrif, dans sa partie culture, du projet de Cité musicale de l'île Séguin (Hauts-de-Seine).