Du détricotage de l’intercommunalité pour vider de contenu la métropole marseillaise : illustration istréenne
près le vote de la configuration de la métropole marseillaise, les opposants locaux passent à la deuxième phase Après ne pas avoir réussi à empêcher qu’un texte soit voté dans les mêmes termes au Sénat et à l’Assemblée Nationale (voir Une feuille supplémentaire au “millefeuille territorial” à Paris et Marseille), certains vont tenter de déconstruire ce qui avait été mis en place progressivement au sein des intercommunalités
Premier à afficher ses intentions, François Bernardini, maire d’Istres, qui commence à préparer la communalisation des équipements gérés par le SAN Ouest-Provence. Les Syndicats d’Agglomération Nouvelle sont les structures mises en place lors de la loi Rocard du 13 juillet 1983 pour gérer les villes nouvelles, avec le premier exemple de mise en commun de la taxe professionnelle sur l’ensemble du territoire syndical, et une forte gestion intercommunale d’équipements culturels, sportifs…
Suite à l’achèvement de certaines villes nouvelles, certains SAN se sont transformés en communauté d’agglomération. C’est le cas d’Évry en 2001, puis de Cergy-Pontoise et Saint-Quentin-en-Yvelines en 2004, de L’Isle-d’Abeau en 2007 devenant la communauté d’agglomération Porte de l’Isère, et enfin, d’une partie de Marne la Vallée, devenue la communauté d’agglomération du Val-Maubuée au 1er janvier 2013.
Il reste donc actuellement quatre syndicats d’agglomération nouvelle, Sénart-en-Essonne et Sénart-Ville Nouvelle, Val-d’Europe territoire sur lequel Eurodisney s’est implanté et Ouest Provence, ex San des Rives de l’Etang de Berre, qui s’étend sur six communes, les trois de l’origine, concernées par le développement portuaire, Miramas, Istres, Fos-sur-Mer et trois qui ont adhéré en 2003 Cornillon-Confoux, Grans et Port-Saint-Louis-du-Rhône
Ce que prépare le maire d’Istres, comme Marsactu nous en informe, c’est tout simplement le transfert d’équipements gérés depuis l’origine par la structure intercommunale. Nous sommes ainsi, paradoxalement, face à une stratégie qui, non seulement, ne fait pas progresser la gestion intercommunale, mais la fait régresser, en profitant du temps nécessaire pour la mise en place de la métropole
La stratégie est forte et vise également le transfert de “tous les terrains, les biens immobiliers que possède le SAN et qui doivent être fondus dans le patrimoine intégral de la Commune”. Comme le projet de loi, dans sa rédaction actuelle dit « Les biens et droits appartenant au patrimoine de l’établissement public de coopération intercommunale à fiscalité propre supprimé (…) sont transférés à la métropole en pleine propriété », on voit bien que l’objectif de cette démarche est de faire échapper la maximum d’équipements, de terrains, de ressources à la future métropole
De son côté, le président du SAN, maire de Fos sur Mer et socialiste,René Raymondi appelle dans un communiqué intitulé « Le temps de la réflexion et de la connaissance, pas celui de la précipitation » à la raison
Pour éclairer le contexte, on peut incidemment rappeler que François Bernardini a, après épuisement de toutes les ressources de la procédure, été condamné définitivement en 2002 à dix-huit mois de prison avec sursis, 400 000 francs d’amende et cinq ans d’inéligibilité, et a été réélu maire d’Istres en 2008 au bénéfice de la fameuse « prime à la casserole »
Michel Abhervé a exercé des responsabilités politiques en étant pendant plus de 20 ans élu à Evry et au conseil régional d'Île-de-France. Il a en particulier suivi des dossiers concernant l'insertion, la formation professionnelle et assuré la présidence de l'Union nationale des missions locales. Il est par ailleurs consultant-formateur sur les questions de l'ESS, de l'insertion et du dialogue social au sein de la Coopérative d'Activités et d'emploi Coopaname, et membre du comité de rédaction de la RECMA
Pour le contacter : mabherve@neuf.fr