Le SDRIF, projet de société pour l'Ile de France, Christine FREY, élue de Paris et d'Ile-de-France

Publié le par Observatoire Rémois du Bassin Parisien

Le conseil régional d'Ile-de-France est en séance ce jour et demain pour arrêter le projet de Schéma directeur de la Région qui servira de cadre, une fois définitivement adopté, aux politiques en matière de transport, d'urbanisation, de développement économique, de préservation et valorisation des espaces agricoles et naturels. Après avoir tenté d'en ajourner son examen par le dépôt d'une "motion de renvoi", l'opposition tente à présent d'en modifier les grandes lignes à travers les... 237 amendements rédigés.
Vice-présidente de la commission d'aménagement du territoire, je suis intervenue en séance pour exposer la position du groupe socialiste, en soutien déterminé de ce projet. En voici le texte.
 C’est avec une grande satisfaction que le groupe socialiste, républicain et apparentés accueille ce jour le projet de SDRIF.

Avant de développer les nombreux points auxquels nous adhérons pleinement, je voudrais remercier le Vice Président, Alain Amédro, qui tout au long du processus de cette révision, a énormément consulté, concerté, rencontré d’élus locaux et d’acteurs de terrain, écouté et su prendre en compte, en conservant l’indispensable vision régionale, les demandes qui lui étaient adressées.

Elue en 2010 au sein de cette assemblée, c’est à travers les conférences territoriales auxquelles j’ai assisté que j’ai pu, entre autres, mesurer l’ampleur des attentes des territoires et des défis, si divers – parfois contradictoires -, à relever et donc la difficulté de l’exercice.

Merci également aux services de la Région et à l’IAU pour la qualité, malgré les délais contraints et les conditions difficiles, des documents qui constituent le projet qui nous est aujourd’hui proposé.

Je l’ai dit : ce projet de SDRIF est pour nous – et je pense pour toute la majorité – l’objet d’une grande satisfaction. Cette satisfaction tient à son contenu mais aussi au fait qu'avec cette étape, nous sommes sortis d'une péripétie dont l'issue n'était pas évidente.

Un peu d’histoire qui, bien que récente, pourrait être trop vite oubliée dans notre enthousiasme : le SDRIF adopté en 2008, qui portait déjà une grande part de la vision que nous défendons pour notre Région, s'inscrivait dans le coeur des attributions régionales en matière d’aménagement du territoire. Et pourtant, après une longue phase de concertation de l’ensemble des collectivités franciliennes, conduite efficacement sous l’égide de Mireille Ferri, le gouvernement précédent, dans un accès d’autoritarisme faisant fi de la compétence régionale, la contournant même avec son projet de Grand Paris et ses contrats de développement territorial – logique de sélectivité et concurrence des territoires, « archipel de clusters » - a bloqué le SDRIF de 2008. Et cela au risque bien réel que soient pérennisés les défauts du précédent SDRIF de 1994 (en particulier un étalement urbain inconsidéré).

Ne cédant rien, conforté par la victoire aux élections de mars 2010, la Région et son Président ont conclu en janvier 2011 un accord avec l’Etat sur un réseau de transport QUI NE SE LIMITE PAS AU GRAND PARIS et repose sur le projet Arc Express de la Région, répondant ainsi au besoin d’une desserte fine des territoires intégrant une amélioration et extension de l’existant, telles qu’attendues par les Franciliens (qui l'ont exprimé dans les débats publics).

Nous avons obtenu en outre que jusqu’à sa révision, les collectivités puissent se référer au SDRIF de 2008 lors de l’élaboration de leurs documents d’urbanisme.

Même si tout cela semble loin à présent, il faut regretter cet épisode, dont nous aurions pu faire l'économie, ce bras de fer, symptomatique de la conception régressive qu’avait de la décentralisation le précédent gouvernement. Mais tournons-nous vers l’avenir aujourd’hui et vers l’IDF telle que nous la voulons à l’horizon 2030.

 

Le SDRIF qui nous est proposé n’est pas qu’un document d’urbanisme, loin s’en faut ! Il porte un véritable projet de société pour notre Région et nous en partageons les défis qu’il diagnostique, les principes sur lesquels il fonde ses ambitions et les objectifs qu’il fixe, qu’il nous fixe.


Trois défis majeurs sont à relever
  1. agir pour une IDF plus solidaire, avec un dynamisme démographique à maintenir et accompagner, des fractures sociales, territoriales, environnementales à combattre, qui se cumulent en certains lieux, un accès au logement et aux services publics à garantir, des préoccupations en matière de santé à prendre en compte
  2. anticiper les mutations environnementales, maintenir la compacité régionale, réduire la dépendance énergétique, valoriser et préserver les espaces naturels et agricoles, redonner une qualité urbaine aux territoires denses
  3. conforter l’attractivité francilienne, stimuler la création d’emplois, réaliser la diversification et la mutation économiques, rééquilibrer les dynamiques territoriales (notamment vers l’est), favoriser l’émergence de nouvelles polarités d’emplois sur des territoires encore trop en retrait (banlieues et secteurs périurbains).
 
Pour relever ces trois défis, le projet « IDF 2030 » propose une région compacte, multipolaire et verte à travers trois leviers étroitement imbriqués :
  1. relier et structurer grâce à des infrastructures au maillage fin : 930 gares et stations sont prévues à l’horizon 2030 (62 nouvelles dont 27 liées au GPEx) sans oublier le raccordement au très haut débit de 5 millions de foyers supplémentaires
  2. polariser et équilibrer l’urbain et l’économique en étroite relation avec le développement des TC (tant logement et emploi doivent y être liés)
  3. valoriser et préserver les espaces agricoles et naturels
 
Concrètement, une fois ces principes affirmés, quelle traduction dans les faits ?
 
Pour les décliner, le projet fixe des objectifs précis :
 
  • construire 70 000 logements par an en développant l’offre en direction des jeunes travailleurs, des étudiants, des publics spécifiques (hébergement d’urgence, personnes âgées, handicapés) ; cette construction se fera prioritairement dans l’urbain (cœur de la métropole ou polarités urbaines), dans les sites les mieux desservis en TC
  • viser 30% de logements sociaux dans le parc en 2030, avec un rééquilibrage géographique (rappel : 200 communes contribuent à 90% du parc)
  • améliorer le parc de logements et accélérer la rénovation des grands ensembles
  • créer 28 000 emplois en moyenne par an sur la durée et améliorer la mixité habitat/emploi en rapprochant les offres d’activité et résidentielle
  • garantir l’accès à des équipements et services publics de qualité et, pour ce faire, structurer et diversifier l’offre à l’échelle des bassins de vie (établissements d’enseignement, de soins, espaces de loisirs)
  • adapter le réseau de TC aux nouveaux besoins de déplacements (+21% de déplacements en TC entre 2001 et 2010) ce qui suppose modernisation des RER, désaturation des tronçons les plus fréquentés, nouveaux projets en rocade, compléments aux lignes existantes, partage plus équilibré du réseau viaire
  • tendre vers 10m2 d’espaces verts publics par habitant dans la zone dense et protéger la biodiversité, limiter l’étalement urbain (5% d’extension de l’espace urbanisé des bourgs, villages et hameaux d’ici 2030), valoriser et préserver les esapces agricoles et naturels à considérer non comme des espaces « vides », neutres, mais comme des territoires contributifs de notre dynamisme et de notre attractivité (alimentation, ressources naturelles, loisirs, patrimoine, tourisme).
  • renforcer les polarités économiques en promouvant celles identifiables à l’international, en accentuant leur effet d’entrainement au niveau des bassins de vie, en confortant, bien sûr, le rayonnement parisien
  • impulser le développement de nouvelles filières économiques, favoriser la conversion écologique et sociale et la réindustrialisation
  • enfin, last but not least, soutenir le dynamisme culturel de l’IDF.
En plus des objectifs transversaux appelés à orienter ensuite les politiques régionales et les décisions locales, le projet identifie 14 territoires stratégiques dits d’intérêt métropolitain sur lesquels devront se concentrer les moyens déployés en vue d’une application soutenue des orientations du SDRIF.

Pour terminer mon propos : affirmation de la triple dimension sociale, environnementale, économique, engagement de lutte contre toutes les fractures, de solidarité, de rééquilibrage, volontarisme en matière économique, nouveau modèle de développement pour notre Région, l’essentiel est là qui nous conduit, groupe socialiste, républicain et apparentés, à accueillir avec enthousiasme ce projet.

De très nombreux amendements ont été déposés par l’opposition. Compte tenu de la qualité du travail accompli, j’ai du mal à croire qu’ils soient tous motivés par une réelle volonté de l’améliorer. Si tel était le cas, je m’en réjouirais, comme c’est le but poursuivi par les amendements du groupe socialiste. Je m’en réjouirais car l’avenir de l’IDF, le quotidien de nos concitoyens méritent mieux que de l’obstruction. J’espère sincèrement que les débats qui vont s’ouvrir autour de ces amendements seront bien à la hauteur des défis et de l’ambition qu’il faut avoir pour cette Région capitale, au coeur de notre pays, au coeur de l'Europe, qu'est l'IDF.

Pour en savoir encore plus sur le projet de SDRIF : cliquer à droite de la page sur "le projet complet" 
 

Publié dans SDRIF - IDF

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