Débat sur le Grand Genève, région en pleine ébullition
L’année 2012 représente en effet un tournant. En juin, les partenaires vaudois, français et genevois de la région ont réaffirmé leur volonté de coopérer. Ils ont signé la charte du projet d’agglomération, qui va définir l’aménagement de nos territoires communs. Surtout, ils ont décidé comment ils allaient administrer ces changements. Dès le 1er janvier 2013 sera formée une instance qui donnera le la des futures coopérations.
Du blabla politique? C’est oublier que demain le train ira de Cornavin à Annemasse, que les rivières sont gérées de concert, que les trams vont traverser la frontière, qu’on ne plantera plus des villas au milieu des champs. C’est oublier aussi que cette coopération nous vaut les louanges de la Berne fédérale, qui débloque des centaines de millions de francs pour aider au financement de nos infrastructures.
Des déséquilibres criants
Ce n’est pas le politique qui construit la région. Elle se fait toute seule. Ils sont près de 90 000 à venir chaque jour travailler à Genève, des milliers dans l’autre sens à courir les supermarchés ou les contreforts du Salève. Les 550 000 passages quotidiens à la frontière ont fini par la ratatiner. Le Grand Genève compte aujourd’hui 920 000 habitants. Le canton n’héberge plus que la moitié d’entre eux.
Les déséquilibres, eux, s’accentuent. La pénurie de logements à Genève expulse des milliers de Genevois hors du canton: deux tiers des nouveaux arrivants en France voisine sont des résidents suisses! Nos voisins, même s’ils ont créé 17 000 emplois ces dernières années, peinent à développer un tissu économique à haute valeur ajoutée. Genève a conservé sa campagne, la France l’a sacrifiée. En outre, dans cette région doivent cohabiter deux classes de salariés qu’un abîme sépare: ceux payés en francs suisses et ceux payés en euros.
Trois urgences
Maîtriser ce développement plutôt que le subir. C’est avec cette conviction que le politique tente aujourd’hui d’agir. Trois urgences. Il faut d’abord réaliser un réseau de transports efficace qui désengorge l’agglomération. Ensuite, Genève doit enfin construire sa part de logements. Enfin, il est nécessaire de mieux répartir l’emploi afin de réduire les disparités sociales et le flux des pendulaires. A cela s’ajoute une multitude de défis, environnementaux ou encore culturels.
Cela fait cinq ans déjà que ce diagnostic a été posé, que les remèdes ont été prescrits. Signée en 2007, la première charte du projet d’agglomération a notamment permis de lancer les grands chantiers de transports publics. En revanche, en matière de logement, Genève ne tient pas ses engagements, créant un profond malaise des deux côtés de la frontière. Pour l’heure, le bilan est mitigé. Si la région reste l’une des plus dynamiques d’Europe, ce développement génère des effets secondaires, des mécontentements. Tout l’enjeu consiste donc à les réduire. Afin que chacun soit convaincu que le Grand Genève profite à tous.
http://www.tdg.ch/geneve/actu-genevoise/debat-grand-geneve-region-pleine-ebullition/story/18775171
Publié sur le site de l'ORBP par Karim Lakjaâ